Ferme les yeux. Tu es seul(e) face à un lac d’altitude, le ciel s’embrase de rose et d’or, et derrière toi, les pas du jour résonnent encore sur la poussière des sentiers.
Bienvenue sur le John Muir Trail, l’une des plus belles randonnées de longue distance au monde. 350 kilomètres de nature brute, de solitude choisie, de paysages grandioses et de chemins intérieurs.
Ce sentier mythique traverse les plus belles sections de la Sierra Nevada californienne, du parc national de Yosemite jusqu’au sommet du Mont Whitney, le plus haut point des États-Unis contigus. C’est un itinéraire qui ne se parcourt pas pour la performance, mais pour l’émerveillement. Pour cette sensation unique d’être complètement là, au rythme du vent, du souffle, des étoiles.
Qu’est-ce que le John Muir Trail ?
Le John Muir Trail (ou JMT) est un sentier de grande randonnée qui s’étend sur environ 350 kilomètres à travers trois parcs nationaux emblématiques : Yosemite, Kings Canyon et Sequoia.
Il suit en grande partie la Sierra Crest, cette ligne de crêtes qui traverse la Californie du nord au sud, à une altitude moyenne supérieure à 3 000 mètres.
Son nom rend hommage à John Muir, naturaliste, écrivain et pionnier de la conservation américaine, qui a largement contribué à la création du parc de Yosemite. Le JMT suit ses pas, littéralement et symboliquement, en invitant à une immersion totale dans le sauvage.
C’est un itinéraire qui commence à Happy Isles (Yosemite Valley) et se termine au sommet du Mont Whitney, à 4 421 mètres d’altitude. Il faut en moyenne 18 à 25 jours pour le parcourir dans son intégralité, selon ton rythme, tes pauses, et ton niveau d’autonomie.
Les paysages traversés : un condensé de la Sierra Nevada
Le John Muir Trail est une galerie vivante de la beauté sauvage californienne. Chaque jour, chaque col, chaque vallée révèle un tableau nouveau, toujours plus grandiose.
Yosemite National Park te plonge dès le départ dans un univers de granite et d’eau : Vernal Fall, Nevada Fall, les parois spectaculaires du Half Dome, puis les prairies paisibles de Tuolumne Meadows.
Ensuite vient l’Ansel Adams Wilderness, un espace plus reculé, sauvage, où les lacs glaciaires se succèdent comme des miroirs bleus au creux des montagnes. Tu traverses ici des endroits presque irréels, comme Thousand Island Lake ou Garnet Lake, d’une beauté hypnotique.
Puis tu pénètres dans le Kings Canyon National Park, cœur battant de la haute Sierra, avec ses cols à plus de 3 500 mètres (comme Muir Pass ou Forester Pass), ses plateaux lunaires, ses prairies fleuries et ses torrents d’eau vive. Tu suis parfois la ligne de crête, parfois le fond de vallée, mais toujours avec cette sensation d’être loin, vraiment loin.
Enfin, Sequoia National Park t’accompagne vers l’apothéose : l’ascension du Mont Whitney, toit des États-Unis contigus. Un lever de soleil là-haut, après des semaines de marche… c’est une émotion qu’on n’oublie pas.
Comment se préparer à une telle randonnée ?
Le John Muir Trail n’est pas une promenade : c’est une expédition en autonomie, souvent en altitude, sur un terrain exigeant. Pour en profiter pleinement, la préparation est essentielle.
Niveau physique : il faut une bonne endurance, être capable de marcher 6 à 10 heures par jour, avec un sac de 12 à 20 kg sur le dos. L’altitude demande une acclimatation progressive : prévois quelques jours à Yosemite avant de partir.
Planification : découpe ton itinéraire par étapes selon tes capacités et les lieux de ravitaillement. Repère les points d’eau (nombreux mais parfois espacés), les zones de bivouac autorisées, et les alternatives en cas de météo difficile.
Permis d’accès : pour emprunter le JMT, il faut un permis wilderness, à demander auprès du Yosemite National Park Service, via un système de loterie très prisé (ouverture fin janvier). Les départs les plus demandés sont ceux depuis Happy Isles, mais il existe des alternatives depuis Lyell Canyon, Glacier Point ou Sunrise Lakes.
Mieux vaut commencer à planifier 6 à 8 mois à l’avance, surtout si tu comptes randonner en juillet ou août.
Matériel essentiel et organisation logistique
Quand on part pour plus de 300 kilomètres en autonomie, chaque gramme compte. Le John Muir Trail demande un équipement fiable, léger et adapté à l’altitude, aux nuits fraîches et aux terrains variés.
Matériel indispensable :
- Tente légère ou tarp, résistante au vent
- Sac de couchage 0 à -5°C, isolant et compressible
- Réchaud à gaz, popote, briquet et cuillère (simplicité avant tout)
- Filtre ou pastilles pour purifier l’eau (essentiel !)
- Sac à dos de 50 à 65L, bien ajusté
- GPS, carte papier et boussole : toujours avoir une redondance
- Vêtements techniques : 2 tenues, couche chaude, veste imperméable, bonnet
Ravitaillement :
Tu peux envoyer des colis-relais à l’avance dans plusieurs points (comme Red’s Meadow, Vermilion Valley Resort ou Muir Trail Ranch). Tu y récupéreras ta nourriture, piles, gaz, etc. Attention : ces services ont des règles strictes et des frais.
Prévoyez 3 500 à 5 000 calories/jour selon ton gabarit et ton effort. Opte pour des aliments légers, caloriques, faciles à préparer.
Vivre l’aventure : ce que le JMT change en toi
Le John Muir Trail, c’est bien plus qu’une randonnée. C’est une traversée intérieure.
Chaque jour, tu t’allèges un peu plus. Des habitudes, du superflu, du mental qui rumine.
Tu retrouves le rythme du soleil, le goût de l’eau fraîche, la simplicité des gestes. Tu partages des silences avec des inconnus croisés au bord d’un lac.
Tu apprends à écouter les étoiles.
Tu reviens plus fatigué… mais surtout plus vivant.
Certains disent que le JMT est une école de vie, d’autres un retour à l’essentiel. Une chose est sûre : on n’en revient jamais tout à fait le même.
Conclusion : une odyssée californienne entre ciel, roche et lumière
Marcher le John Muir Trail, c’est s’offrir 350 km de beauté brute, de montagnes immenses, de lacs posés comme des secrets, de nuits étoilées dans l’immensité. C’est un défi, une respiration, un voyage lent qui te transforme au fil des pas.
Et toi, tu es prêt(e) à suivre les traces de John Muir, là-haut dans la Sierra ?