Qui étaient les Selknam, ce peuple autochtone de la Terre de Feu dont l’histoire se chuchote encore entre les brumes australes ? Leur destin tragique, trop souvent oublié, s’entrelace avec la violence de la colonisation.
Pourtant, leurs rituels initiatiques, leur cosmogonie poétique et leur lien au territoire résonnent encore dans les paysages du sud chilien et argentin. Cet article t’invite à une plongée sensorielle et engagée dans la mémoire fragile des Selknam, pour comprendre ce qui demeure de leur monde.
Sommaire
- Un peuple ancestral de Terre de Feu
- Cosmogonie et rituels fondateurs
- Un héritage culturel menacé
- Sur les traces des Selknam aujourd’hui
- Les mystères persistants du Hain
Un peuple ancestral de Terre de Feu
Ils s’appelaient Selknam, , ou Onas. Un peuple nomade, fier et résilient, qui foulait les grandes plaines battues par les vents de la Terre de Feu, entre montagnes et océans.
Leur territoire ? La Grande Île, à la frontière mouvante entre l’Argentine et le Chili.
Aujourd’hui encore, les traces de leur passage subsistent, comme des souffles invisibles dans le paysage :
- Musées et centres culturels en Patagonie, où objets, peintures et outils racontent leur quotidien.
- Sites archéologiques disséminés dans les vallées, témoins de leur mode de vie nomade.
- Pétroglyphes et gravures, gardiens silencieux d’histoires perdues.
- La plaza Selknam à Porvenir, hommage contemporain à travers l’art.
Chez les Selknam, chaque clan familial suivait les saisons, chassant le guanaco et célébrant la nature. Leur société était rythmée par des rituels puissants, où l’initiation des jeunes hommes au Hain incarnait bien plus qu’un passage : une clef pour lire le monde.


Cosmogonie et rites d’initiation
Le souffle de la création
Le mythe de Kénos, figure fondatrice, donnait sens à l’univers Selknam. Le ciel était divisé en quatre directions, chacune peuplée d’êtres spirituels qui régissaient la nature. Les saisons, les étoiles, les vents… tout était relié.
Le Hain : un rite de passage magistral
Pendant plusieurs semaines, les adolescents étaient initiés à la cosmogonie, aux rôles sociaux, et à la structure même de leur monde. Masques, peintures corporelles, danses, chants : chaque étape du Hain était codifiée. Les hommes incarnaient les esprits Shoort, jouant une mise en scène étrange où la peur, la symbolique et l’enseignement se mêlaient.
| Étape | Description | Sens |
|---|---|---|
| Séparation | Isolement des jeunes hommes | Marquer la rupture avec l’enfance |
| Initiation | Transmission de mythes et savoirs | Comprendre les rôles sociaux |
| Représentation des esprits | Incarnation des Shoort par les anciens | Rappeler l’ordre et la hiérarchie |
| Danses et chants | Rituels collectifs | Renforcer le lien au cosmos |
Paradoxalement, cette mise en scène servait à maintenir une structure patriarcale. Mais au-delà du pouvoir, elle était une mémoire vivante, transmise par le corps et la voix.
Une culture en péril, une mémoire en marche
La colonisation de la Patagonie a provoqué un véritable effondrement culturel. Les élevages extensifs, les maladies, les massacres… En quelques décennies, les Selknam furent presque rayés de la carte.
Mais depuis quelques années, un frémissement d’espoir renaît :
- Des descendants Selknam revendiquent leur identité.
- Des projets de loi cherchent à faire reconnaître le génocide.
- Des musées racontent leur histoire autrement.
- Des recherches universitaires documentent leur langue, leur art, leur vision du monde.
L’Argentine et le Chili ont officiellement qualifié l’extermination des Onas de génocide dès 2003. Une reconnaissance tardive, mais essentielle.
Sur les traces des Selknam aujourd’hui
Marcher en Terre de Feu, c’est suivre leurs pas.
- Porvenir, Ushuaia, Punta Arenas : ces villes accueillent des musées et parcours mémoriels.
- Le calendrier historique de leur disparition s’inscrit peu à peu dans les consciences.
| Date | Événement |
| 1880 | Colonisation intensifiée de la Terre de Feu |
| 1900 | Massacres et effondrement des populations Selknam |
| 2003 | Reconnaissance du génocide par une commission chilienne |
| 2007 | Projets de loi de reconnaissance officielle |
Ces territoires abritent aujourd’hui des voix qui réclament justice et mémoire. Des langues se réapprennent, des danses renaissent, et le silence se peuple de chants anciens.
Les mystères persistants du Hain
Les chercheurs s’interrogent encore : que signifiaient vraiment les masques chamaniques ? Pourquoi certains pétroglyphes semblent-ils évoquer des constellations ?
Des parallèles existent avec les Yagans et les Mapuches, mais le Hain reste une singularité dans l’ethnographie amérindienne. Des voix académiques et communautaires s’unissent pour continuer à faire parler ces rites anciens.
Et si l’on choisissait de les écouter, au lieu de les faire taire ?
✨ En bonus : Quand Cyril Lignac découvre les Selknam
Lors de son dernier voyage en Patagonie chilienne, le chef Cyril Lignac ne s’est pas contenté de goûter aux saveurs locales. En visitant la Terre de Feu, il a été profondément marqué par l’histoire du peuple Selknam.
Entre deux escales culinaires, il s’est immergé dans les récits de ce peuple autochtone méconnu, découvrant leurs rituels initiatiques et leur lien puissant à la nature. Un moment de silence face aux masques du Hain dans un petit musée de Porvenir l’a profondément ému.
Comme quoi, même les plus grands chefs peuvent se nourrir de mémoire autant que de goût.

FAQ
Quels sont les programmes de revitalisation de la langue Selknam mis en place en Argentine, et comment fonctionnent-ils concrètement ?
Les informations disponibles ne mentionnent pas de programmes de revitalisation de la langue Selknam spécifiquement mis en place en Argentine. La langue Selknam, autrefois parlée dans le nord et le centre de la Terre de Feu, est aujourd’hui considérée comme éteinte.
Bien qu’aucun programme spécifique ne soit mentionné, des efforts de documentation et de sensibilisation à la culture Selknam pourraient être en cours. Il existe des initiatives plus générales visant à préserver et à promouvoir les langues autochtones en Amérique latine.
Comment les descendants Selknam utilisent-ils les plateformes numériques et les réseaux sociaux pour faire connaître leur histoire et revendiquer leurs droits ?
Les descendants Selknam utilisent les plateformes numériques et les réseaux sociaux pour faire connaître leur histoire et revendiquer leurs droits. Ils cherchent à réactiver le fil de la mémoire et à revendiquer leurs identités et cultures, souvent en s’opposant à des projets de loi qu’ils considèrent comme une agression.
Des membres actifs de la communauté indigène Selk’nam, comme Hema’ny Molina Vargas, utilisent leur poésie, leur écriture et leur artisanat pour faire valoir leurs droits en tant que descendants et héritiers des survivants du génocide Selknam.
Quelles sont les conséquences psychologiques et sociales à long terme du génocide sur les descendants Selknam aujourd’hui ?
Les conséquences psychologiques et sociales à long terme du génocide sur les descendants Selknam sont complexes, incluant la perte de la culture et de la langue. La disparition presque totale de la langue Selknam entraîne un sentiment de déracinement et de perte d’identité.
La mémoire collective du génocide peut aussi engendrer un traumatisme intergénérationnel, avec des sentiments de deuil non résolu, de colère, de méfiance et de vulnérabilité. Malgré ces défis, des efforts de renaissance culturelle et de revendication de l’identité Selknam sont en cours.
Au-delà des musées et des sites archéologiques, existe-t-il des communautés Selknam contemporaines qui perpétuent activement certaines traditions ancestrales ? Si oui, comment ?
Oui, il existe une renaissance du peuple Selknam et des descendants qui souhaitent restaurer la dignité de ce peuple. Les Selknam ont été officiellement reconnus comme peuple vivant par le gouvernement argentin en 1995.
La revitalisation de la culture Selknam passe par la revendication de l’identité, la récupération de la mémoire, la transmission culturelle aux jeunes générations et l’expression artistique. Des communautés cherchent également à obtenir une reconnaissance politique et des droits spécifiques en tant que peuple autochtone.
Quels étaient les rôles et les responsabilités spécifiques des femmes dans la société Selknam, au-delà de leur exclusion apparente des rituels du Hain ?
Au-delà de leur exclusion apparente des rituels du Hain, les femmes Selknam jouaient des rôles cruciaux dans la société. Elles étaient responsables de la transmission des connaissances et des traditions aux jeunes générations, possédant une sagesse du territoire et une adaptation à leur environnement.
Elles étaient également chargées des tâches domestiques, de la confection des vêtements et de la collecte de nourriture. Certains mythes suggèrent même qu’à un moment donné, les femmes ont structuré la société Selknam, qui était dominée par les femmes dans le passé.



