Les peuples voisins des Selknam : Yámana et Haush, les autres voix de la Terre de Feu

par | Nov 9, 2025 | Chili

Lorsque l’on pense à la Terre de Feu, c’est souvent l’image des Selknam qui surgit en premier. Mais au-delà de ces nomades des plaines, d’autres peuples ont façonné cette île battue par les vents et baignée de brumes australes.

Les Yámana, ✨maîtres silencieux des canaux✨, et les Haush, ⛺ sentinelles discrètes de l’est, offrent une autre lecture de ce territoire extrême. Loin des grands rituels du Hain, leur histoire se raconte au fil de l’eau, dans la tension du silence, dans la chasse du rivage.

❄️ À travers eux, la Terre de Feu dévoile toute la richesse de sa diversité humaine.

Qui étaient les Yámana et les Haush ? 🌊

Deux noms résonnent à peine dans les manuels d’histoire, et pourtant… Les Yámana — parfois appelés Yagan — vivaient au sud de la Grande Île, voguant entre les fjords et les îles de l’archipel chilien. Nomades marins, ils habitaient littéralement la mer. ✨

📍 À l’autre extrémité, les Haush occupaient une bande étroite de terres entre montagnes et océan, à la pointe sud-est.

Contrairement aux Selknam, ces peuples n’étaient pas des chasseurs des grandes plaines. Leur territoire, leur alimentation, leurs récits différaient. Et s’il y avait des contacts, ce n’était pas sous le signe de la guerre, mais d’une cohabitation subtile, parfois d’échanges, souvent d’évitement.

Les Yámana : les navigateurs du bout du monde 🛶

Les Yámana avaient pour royaume l’eau. Leurs canoës filaient entre les glaces et les roches, dans un labyrinthe de canaux que peu d’hommes auraient osé apprivoiser.

Ils pêchaient, chassaient le phoque, cueillaient les mollusques. Leur vie se déroulait au rythme des marées, du vent, des saisons.

Le plus étonnant : ❄️ malgré les températures glaciales, ils vivaient presque nus. Une fine couche de graisse animale et des feux embarqués suffisaient à se protéger.

Leurs campements, faits de branchages et de peaux, étaient montés pour une nuit ou une semaine. On raconte que les enfants Yámana savaient ramer avant même de savoir marcher.

Leur spiritualité, comme leur quotidien, était façonnée par la mer. Les esprits habitaient les vagues, les falaises, les profondeurs.

Mais avec l’arrivée des missionnaires, tout bascule : on leur impose des vêtements, des prières, des règles. En quelques années, c’est un monde entier qui se défait.

Les Haush : sentinelles de l’Est 🌳

Coincés entre l’océan Atlantique et les montagnes fuegiennes, les Haush formaient un peuple discret, mais essentiel. Linguistiquement proches des Selknam, ils s’en distinguaient par leur mode de vie côtier.

🌿 Moins nomades, plus territorialisés, ils vivaient de la chasse au guanaco, de la pêche et de la cueillette marine.

Leur culture matérielle était sobre : outils de pierre, arcs courts, parures corporelles. Mais leur art du camouflage, leur connaissance des vents et leur capacité à survivre dans une zone austère forcent le respect. Peu nombreux, les Haush furent rapidement absorbés, marginalisés, ou confondus avec leurs voisins.

🔍 Aujourd’hui, rares sont ceux qui peuvent encore raconter leur histoire sans la mélanger à celle des Selknam.

Les menaces communes, les disparitions différenciées 🏹

La colonisation européenne n’a pas seulement bouleversé l’équilibre territorial de la Terre de Feu : elle a profondément ébranlé les fondements culturels des peuples qui y vivaient.

Les Yámana, avec leur mode de vie maritime, ont d’abord résisté par leur isolement. Mais l’arrivée des missions religieuses, notamment anglicanes, a progressivement transformé leur quotidien : vêtements imposés, enfants scolarisés de force, rituels interdits.

Les Haush, quant à eux, ont subi une pression directe et brutale. Leur territoire restreint, leur faible nombre, les ont rendus vulnérables. Peu de récits, peu de témoignages… comme si leur disparition devait se faire dans le silence.

Et pourtant, ces deux peuples, tout comme les Selknam, ont partagé un même effondrement : perte de terres, effacement linguistique, dislocation sociale..

👉 Si tu veux comprendre comment les Selknam ont eux aussi été confrontés à ces bouleversements, explore cet article consacré à leurs rituels et leur disparition tragique.

Mémoire, résilience et transmission 🔁

Mais tout n’a pas disparu. Dans les voix des descendants, dans les objets retrouvés, dans les langues qu’on tente de faire renaître, subsiste une mémoire fragile mais tenace.

🇨🇱 Au Chili, le peuple Yagan est aujourd’hui reconnu comme vivant. À Puerto Williams, un petit musée raconte leur histoire, tandis que des linguistes documentent leur langue grâce au travail de Cristina Calderón, dernière locutrice native avant sa disparition.

📚 Pour les Haush, la résurgence est plus discrète. Ils réapparaissent peu à peu dans les travaux des chercheurs, différenciés des Selknam, reconnus dans leur singularité.

🌱 Car au fond, la transmission ne passe pas seulement par les mots ou les musées. Elle s’ancre dans les gestes, dans les paysages, dans les silences qu’on apprend à écouter.

Conclusion : une Terre de Feu aux mille voix 🔥

La Terre de Feu n’est pas une terre muette. Elle parle à qui sait l’écouter. Entre les vents salés, les galets des rivages et les cendres des anciens foyers, elle murmure encore les récits des Yámana, des Haush et des Selknam.

✨ Trois peuples. Trois manières d’habiter l’extrême. Trois formes de sagesse face à un environnement rude et magnifique.

Aujourd’hui, même si leurs voix semblent perdues, elles résonnent encore à travers les héritages transmis, les recherches menées, les combats portés pour la mémoire. Préserver ces histoires, c’est élargir notre regard sur l’humanité. C’est reconnaître que dans l’ombre des grandes tragédies se nichent aussi des leçons de résilience, de lien au vivant, de beauté discrète.

🚶‍♀️ Alors si tu voyages un jour jusqu’aux confins de la Patagonie, que ce soit à Ushuaia, Puerto Williams ou Porvenirécoute. Les peuples de la Terre de Feu ont peut-être encore quelque chose à te dire.